La Nyctale de Tengmalm (Aegolius funereus, Boreal Owl) est peut être le moins connu de tous les strigidés du monde ornithologique québécois. Elle est observée bien moins souvent que la Chouette épervière et que la Chouette lapone qui sont pourtant rares. Tout comme ces deux dernières, elle envahit les basses terres du Saguenay/Lac-St-Jean en période de disette. Lorsque les populations de petits rongeurs vivant dans ses aires de nidification de la forêt boréale s'affaissent, la Nyctale de Tengmalm effectue un mouvement migratoire vers le sud, espérant trouver des sources de nourriture plus abondantes. Ces mouvements vont jusqu'au sud du Québec et parfois même jusqu'à la limite nord des Etats-Unis. Malgré certaines migrations importantes à l'automne (M. Savard, comm. pers.: données de l'OOT), cette nyctale demeure virtuellement impossible à trouver l'hiver en Sagamie. Ceci est probablement dû à la proportion très élevée de forêt qui recouvre notre région ainsi qu'à ses moeurs nocturnes qui font probablement en sorte que sa présence reste ignorée. En fait, les ornithologues des régions plus déboisées du sud ont parfois plus de chance de la trouver, comme c'est parfois le cas à l'île des Soeurs dans la région de Montréal, alors qu'elle est découverte en plein jour dormant dans quelque conifère. Au Saguenay/Lac-St-Jean, la plupart des observations hivernales de Nyctale de Tengmalm concernent des individus trouvés perchés bien en vue en plein jour dans un quartier résidentiel ou dans un parc urbain.

L'habitat de la Nyctale de Tengmalm est la forêt boréale coniférienne, incluant les secteurs de forêt mixte. Elle occupe donc, en petit nombre, la Réserve Faunique des Laurentides et les Monts Valin où elle partage son habitat avec la Petite Nyctale. A cet effet, j'ai pu faire l'une de mes plus belles observations de hiboux en écoutant simultanément le chant d'une Nyctale de Tengmalm et celui d'une Petite Nyctale, alors qu'elles étaient à peine séparées d'un kilomètre. Des observateurs l'ont également découverte à la limite nord de notre région près du cinquantième parallèle, dans les secteurs du Lac-Libéral et du Lac-Dalcourt, en pleine période de nidification (F. Gagnon et L. Imbeau, comm. pers.). Allez voir les cartes relatives à la Nyctale de Tengmalm.

La Nyctale de Tengmalm habite la forêt boréale ou bien la forêt mixte
montagneuse, comme l'illustre cette photographie prise dans le
Parc des Grands jardins
La période de chant de la Nyctale de Tengmalm débute en avril dans la Réserve Faunique des Laurentiques et les Monts Valins, alors que les premières fontes des neiges viennnent à peine de débuter à ces altitudes (*voir note*). Et tant qu'il n'aura pas trouvé de compagne, le mâle chantera d'une façon presque continue durant toute la nuit, pendant plusieurs jours, voir quelques semaines . C'est à ce moment qu'il est le plus facile à découvrir. Malheureusement, son chant ne porte pas tellement loin en ces régions montagneuses, soit à peine un kilomètre, ce qui ne facilite pas son repérage. J'ai également fait l'observation de mâles chanteurs aussi tard que le début du mois de juin dans la Réserve Faunique des Laurentides. De plus, quelques individus ont été surpris chantant à partir de boisés mixtes sur les basses terres comme à St-Ambroise (B. Dumont), Ville de La Baie, l'Ascension (N. Duchesne, S. Gagnon et M. Savard, comm. pers.) et St-Honoré (F. Gagnon, comm. pers.). Ce "phénomène" ne fut observé qu'en avril 1993 (1 ind.) et avril 1996 (3 ind.). Toutes ces mentions printanières et estivales de Nyctale de Tengmalm provenant d'un peu partout dans la région laissaient plus que supposer que celle-ci était nicheuse au Saguenay/Lac-St-Jean. Finalement, j'ai découvert un juvénile à St-Léon, en août 2001, ce qui pourrait être la première mention de nidification au Saguenay/Lac-St-Jean.

La Nyctale de Tengmalm se distingue de la Petit Nyctale par son bec de couleur ivoire, alors que les mandibules de sa cousine possèdent une teinte noire. De plus, l'expression du "visage" de la Tengmalm en est une de sévérité, alors que celle de la Petite Nyctale reflète plutôt la douceur de son caractère. Pour pouvoir utiliser ce dernier critère d'identification, il faut que l'oiseau soit bien alerte avec ses deux disques faciaux complètement déployés. Le chant de la Nyctale de Tengmalm consiste en une série d'une douzaine de "hou" clairs et rapides, pouvant être répétée pendant des heures.


*Note: je suggère fortement à ceux qui veulent partir à la découverte de ces oiseaux de faire des équipes d'au moins deux voitures, vu l'isolement et le climat froid de ces milieux, en particulier la nuit.*


Poids et Mesures
Taille25 cm
Envergure52 cm
Poids135 g
source: D. A. Sibley

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Références

Bruno Dumont Dernière modification: 8 août 2001